A droite comme à gauche, on ne comprend pas le rejet de la libération de Madame Jacqueline Sauvage. Tout le monde s’insurge. Les juges conviennent qu’elle ne présente aucun risque pour la société, suite aux expertises psychologiques et psychiatriques et au suivi de stage d’évaluation de dangerosité qu’elle a passés…
Certains en viennent à dire que si elle a été condamnée par 2 fois par des cours d’assises, c’est qu’il y a quelque chose… Ceux et celles qui demandent sa libération ne connaîtraient pas l’entièreté du dossier, que nous cache-t-on alors ? Que n’ose-t-on pas nous dire qui soit plus cauchemardesque que ces 47 années de coups et de viols, y compris pour les enfants ? Quelle est la vraie raison qui la maintient en prison ? Car, officiellement, le tribunal estime que « Jacqueline Sauvage n’a pas assez « réfléchi » (dixit) sur l’acte pour lequel elle a été condamnée », aussi «les juges font valoir que le projet de vie de Jacqueline Sauvage, si elle était sortie de détention, n’était pas acceptable. Celle-ci avait indiqué qu’elle irait vivre chez l’une de ses 3 filles dans le Loiret, à une quinzaine de kilomètres du lieu du meurtre. Or, selon le tribunal, ce lieu est bien peu propice à la poursuite nécessaire de sa réflexion sur son passage à l’acte ». Raison grotesque, on est dans l’absurde.
D’abord, comment peuvent-ils savoir ce qu’il se passe dans sa tête ? Ensuite, ceci signifierait qu’elle est condamnée à passer 10 années de sa vie emprisonnée, alors qu’elle a déjà 68 ans, uniquement parce qu’elle aurait des pensées non appropriées ? A mon humble avis, je pense qu’il n’y a pas une seconde de son existence où elle ne pense pas à tout ce qui s’est passé et où elle ne regrette pas de ne pas avoir agi avant ce terme de 47 années d’une quelconque façon, pour se libérer elle, et ses enfants, et surtout avant le suicide de son fils la veille des évènements, que l’on peut imaginer comme étant un acte de libération d’une impuissance face à ce « géniteur » « violent, tyrannique, pervers et incestueux ». Pour cela, elle est condamnée à vie dans sa tête. Jusqu’à son dernier souffle, elle y pensera et culpabilisera de la mort de son fils qu’elle n’aura pas pu sauver.
« Notre père est décédé, et c’est pour moi un soulagement »
Une de ses filles
« Lors du procès, la présidente de la Cour d'assises d'Orléans, Catherine Paffenhoff, avait largement questionné l'accusée sur sa passivité durant toutes ces années. Pour Suzie Rotjman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes, Jacqueline Sauvage «était frappée sans cesse, elle était violée, les gamins étaient violés, elle n'a pas réussi à porter plainte parce qu'elle n'était pas aidée».
Cette spécialiste des crimes, n’est-elle pas au courant que, comme disent les experts, lorsque l’on se fait battre, violer, rabaisser ainsi pendant des années, on perd complètement sa personnalité, son estime de soi, sa confiance en soi, tout espoir de s’en sortir, on culpabilise même ! On ne fait plus que subir !
Les juges qui sont dans sa tête, ont-ils été aussi dans son corps qui s’est retrouvé à plusieurs reprises pour des séjours aux urgences ? Non bien sûr, c’est pour cela qu’ils lui ont refusé la légitime défense !!! En droit français, « la légitime défense suppose la proportionnalité de la riposte et de la concomitance de l’acte et de l’agression ». Or, il me semble que cet acte de violence durait depuis 47 ans et qu’il allait continuer jusqu’à la mort de Madame Jacqueline Sauvage! Il y avait déjà un mort dans ce drame, son fils, les juges souhaitaient-ils qu’elle fasse passer les comptes des femmes assassinées par leur mari de 118 à 119 ? Evidemment qu’il y a bien légitime défense, en conséquence le procès est faussé.
« Dès le lendemain de sa condamnation, l’association Osez le féminisme a dénoncé un « déni de justice », appelant à « l’élargissement de la présomption de légitime défense aux femmes victimes de violence » (je rajouterais aussi les hommes, parce qu’il y en a).
Je m’adresse à Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, le PS, François Bayrou, président du Modem, JC Lagarde, député de Seine Saint-Denis, Valérie Boyer, députée des BDR, JL Roméro, élu Paris 12ième, N Kosciusko-Morizet, députée de Paris, qui ont laissé un message de consternation quant à la non-libération et qui ont eu plein de retweets et de « j‘aime », et à bien d’autres politicien(ne)s capables de changer les lois car c’est le métier, mesdames et messieurs les député(e)s et sénatrices(teurs), du gouvernement, pour qu’ils fassent passer cet élargissement de la présomption de légitime défense, pour rendre justice aux vraies victimes.
Ce choc du suicide de son fils la veille, lui a permis de comprendre que le cauchemar ne cesserait jamais, qu’elle ne pourrait pas partir, sinon il continuerait à s’en prendre à ses enfants pour la « punir » éternellement, puisqu’il ne sait faire que cela, par habitude, comme mode de vie. C’est pour protéger ses enfants, pour mettre un terme à ce cauchemar, par LEGITIME DEFENSE, qu’elle a, en effet, tiré sur lui.
Lorsqu’un homme tue sa femme, et accessoirement ses enfants, on qualifie toujours ce crime de…passionnel ! Ah la belle excuse !!! Cela fait partie des habitudes qu’une femme se fasse tuer par son mari, c’est dans la norme sociale, c’est accepté, c’est triste mais c’est comme ça, elle l’aura poussé à bout (à lire avec cynisme). Celui-ci est condamné à très peu et libéré avant le terme de la peine, pour bonne conduite, évidemment puisqu’il n’y a pas de femmes à tuer dans la prison !!! C’est vraiment quelque chose qui me met hors de moi lorsque j’entends qu’un assassin de femme a été libéré pour bonne conduite. On peut faire un parallèle avec les pédophiles, il n’y a pas d’enfants dans les prisons !!! Donc pas de libérations anticipées pour bonne conduite!!!
Bref, un homme sait qu’il ne craint pas grand-chose à s’en prendre à sa femme, il sera vite dehors. J’aimerais demander aux juges qu’ils réfléchissent de leur côté aux jugements cléments accordés aux hommes assassins de leur femme. Ces jugements perpétuent les assassinats des femmes, ces jugements sont responsables de tous ces meurtres !!! Si les hommes savaient qu’ils risquaient véritablement 20 ans de prison, ils y réfléchiraient à 2 fois avant de se défouler sur leur femme, il y aurait beaucoup moins de meurtres !!!
Pensez, chers juges, au message d’impunité que vous envoyez aux hommes. Vous appliquez une justice patriarcale du 19ième siècle. Le crime passionnel ne doit plus être retenu dans les prétoires.
Bertrand Cantat, libre au bout de 4 ans !!! Honteux ! A tous ceux et celles qui croisent Cantat, n’oubliez pas que sa main que vous serrez pour le saluer, ou, qui tient un micro, par lequel il se donne en public au lieu de se faire oublier et de réfléchir à son passage à l’acte… c’est cette même main qui un jour de 2003, déjà, a fait passer de vie à trépas sa compagne, qui avait confié peu de temps avant, avoir peur de lui et ne pas savoir comment s’en défaire.
Si on suit la réflexion des juges, on peut aussi penser comme Euterpe que « Marie Trintignant est prié de réfléchir outre-tombe à sa part de responsabilité dans son meurtre ». Elle a l’éternité pour cela désormais.
Combien de femmes sont mortes au nom de ce « drame passionnel » et combien mourront encore ?
Les femmes, elles, prennent toujours perpet’.
Je sais qu’en France et depuis très longtemps, la justice est l’enfant pauvre de la Nation, il faudrait véritablement un plan et du budget pour que la justice puisse être rendue sereinement, dans des délais courts et surtout appliquée jusqu’à son terme. Je sais qu’actuellement l’indépendance des juges est remise en cause, étant données toutes les affaires qu’ils ont eu à subir, d’où la démission d’un certain nombre d’entre eux, leur charge de travail est immense, dans des conditions lamentables, je comprends l’amertume des juges et leur méfiance légitime envers le pouvoir, j’admire leur engagement dans leur travail et je les soutiens, sauf dans les jugements cléments rendus au nom du drame passionnel et dans ce maintien en prison de cette femme qui a reçu le soutien du Président…
Pour une Justice indépendante, juste, égalitaire et humaine du 21ième siècle.
La libération de Jacqueline Sauvage rejetée par la justice
Cinq questions autour de l'affaire Jacqueline Sauvage
Six semaines pour évaluer la «dangerosité» de Jacqueline Sauvage
respect et amour